L’intérêt pour une entreprise à attirer les immigrants de talent


Par Lynda Goldman
Spécialiste de la diversité de Monster
 
Les manchettes sont unanimes : la population multiethnique du Canada est en train de changer le visage du pays. Selon Statistique Canada, près de 63 % de la population torontoise sera constituée de minorités visibles d’ici 2031.
 
Il suffit de faire un tour en métro ou en autobus à Toronto, à Montréal ou à Vancouver, ou de visiter une grande entreprise ou un commerce de détail d’une grande ville canadienne pour constater que c’est déjà une réalité.
 
En quoi cela influe-t-il sur votre entreprise? Que vous vous adaptiez pleinement à un changement, ou choisissiez de l’ignorer le plus longtemps possible, il est évident que vos clients seront issus de différents milieux culturels et qu’il en ira de même pour votre bassin de talents.
 
Étant donné la concurrence mondiale, le Canada a besoin d’un bassin d’immigrants de talent. Par exemple, en 2007, 37 % des immigrants âgés de 25 à 45 ans avaient un diplôme universitaire, contre 22 % des Canadiens de souche du même groupe d’âges.
 
L’industrie des TI est déjà en plein dedans. Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre spécialisée qualifiée, les entreprises de ce secteur sont heureuses d’embaucher quiconque affiche les bonnes qualifications, et vont jusqu’à recruter à l’étranger. La plupart des grands services de TI ont des employés provenant de divers milieux culturels.
Les banques se démarquent également pour ce qui est de prendre conscience et de tirer parti de cette tendance. Elles reconnaissent l’importance de recruter des immigrants pour leurs besoins d’affaires, ce qui leur permet de se faire de nouveaux clients en ayant du personnel issu des mêmes milieux culturel, et d’adapter leurs produits aux besoins précis de ces nouveaux arrivants au Canada. Elles prennent soin de cette nouvelle clientèle qui requiert leurs services, et mettent sur pied des services du marketing multiculturels dans le but de créer des campagnes de marketing spécialisées.
Le rapport de la Society for Human Resources Management, intitulé « Impact of Diversity Initiatives on the Bottom Line » (Alexandria, Virginia, 2001), indiquait que les programmes de diversité améliorent la culture d’entreprise, le recrutement de nouveaux employés, les relations avec la clientèle et la conservation du personnel.
 
Des sociétés avant-gardistes comme Ernst and Young tirent profit des immigrants talentueux possédant de l’expérience des affaires. Jeannine Pereira et Lynn Lapierre, directrices associées, travaillent avec des professionnels issus de divers milieux. Dans une entrevue portant sur le livre intitulé You’re Hired. Now What? An Immigrant’s Guide to Success in the Canadian Workplace, elles précisent : « Nous sommes conscientes que chaque immigrant apporte quelque chose d’unique au milieu du travail et ajoute une nouvelle dimension à notre entreprise. »
Les immigrants peuvent créer de nouvelles occasions à l’échelle mondiale et développer des produits qui répondent à de nouveaux besoins. Un immigrant commente : « J’ai vécu sur trois continents et occupé des postes de marketing stratégiques dans des multinationales. J’apporte des dimensions nouvelles à mon poste. »
Les sociétés qui publicisent leur engagement vis-à-vis de la diversité rehaussent également leur réputation auprès des consommateurs et des intervenants. Lors d’une remise récente des prix « Best Diversity Employers », les finalistes représentaient les sociétés les plus progressistes dans leur secteur d’activité. Les employés immigrants de ces entreprises se sentent bien accueillis et sont donc plus engagés et productifs. 
Alors pourquoi ce mouvement n’est-il pas généralisé?
Il faut du temps et de l’engagement, ainsi que des efforts concertés pour intégrer les nouveaux arrivants dont la langue première n’est pas nécessairement l’anglais. Certains employeurs hésitent à recruter des immigrants en raison des différences culturelles, et s’inquiètent du fait qu’ils puissent ne pas s’intégrer ou que cela entraînera du travail additionnel. Et ce ne sont pas tous les employés qui se réjouissent à l’idée de travailler avec quelqu’un de « différent ».
Les petites entreprises estiment parfois qu’elles n’ont pas les ressources d’une grande institution financière pour intégrer les immigrants dans leur culture d’entreprise.

Néanmoins, plusieurs de ces programmes d’entreprise peuvent être mis en œuvre moyennant des coûts limités ou nuls.

Par exemple, bien des entreprises ont un programme de mentorat pour tous les nouveaux employés. Les employés immigrants peuvent être jumelés au début à un autre employé issu du même milieu culturel (dans la mesure du possible) et, pendant cette période, ou par la suite, ils sont jumelés à un collègue canadien de souche qui leur apprendra comment travailler efficacement dans l’entreprise. Tout au moins, le jumelage d’un néo-Canadien avec un « copain » dans les premières semaines ne coûte rien et permet au nouvel employé d’en apprendre davantage sur l’entreprise.
La bonne nouvelle, c’est que les entreprises peuvent tirer profit du nouveau visage du Canada. Les immigrants et les minorités visibles sont habituellement engagés, loyaux et courageux au travail. L’étude intitulée Career Advancement in Corporate Canada: A Focus on Visible Minorities–Survey Findings of 2007, indiquait que la plupart des répondants souhaitent investir beaucoup d’efforts, au-delà de ce qu’on attendait normalement d’eux, afin d’aider leurs entreprises à réussir; ils s’identifient aux valeurs de leur employeur et entendent demeurer dans les rangs de leur entreprise actuelle. L’étude révélait qu’ils sont engagés envers leur entreprise et qu’ils sont fiers de dire aux autres qu’ils travaillent pour cet employeur.
 
Il faut un engagement ferme de la part des hauts dirigeants pour attirer et conserver des immigrants de talent. Comme le précisait un article du Globe & Mail du 23 mars 2010 : « Le chef de la direction de la Banque Royale a fait de son institution une championne de la diversité grâce à un recrutement dynamique et à la conservation des effectifs. » C’est une mesure pertinente et également très judicieuse, affirme-t-il.
 
« Si vous croyez que votre actif le plus précieux réside dans votre capital humain, il faut savoir optimiser cette ressource extraordinaire. Nous essayons vraiment de mettre l’accent, à l’interne, sur les perspectives commerciales qui accompagnent une grande diversité et d’excellentes politiques sur la diversité. »